Ce revirement stratégique avait été consacré par la présentation et l’adoption de la loi dite des pouvoirs spéciaux avec le soutien des députés communistes qui devait donner, les pouvoirs de police aux paras du général Massu.
Cette loi servira ainsi, en particulier dans la capitale, à justifier les arrestations massives.. C’est cette même armée qui, en mai 1958, sera au centre des tous les complots algérois qui allaient entraîner la prise du Bt du gouvernement général, la création des comités de salut public, la chute de la IVème république et le retour aux affaires du général de Gaulle, retour qui sera adoubé par les dirigeants de La SFIO et particulièrement par son secrétaire général, Guy Mollet.
Le premier secrétaire du PS désigne-t-il aussi clairement les responsabilités politiques de la SFIO dans la conduite française de cette guerre dont il estime, par ailleurs, comme pour mettre un bémol à ses propos, qu’« elle avait ses justifications » qu’il se garde bien de préciser, l’essentiel restant dans cette première reconnaissance par un parti de gouvernement français et pôle traditionnel de la vie politique française du devoir de « présenter des excuses » au peuple algérien. Il importe alors, pour mesurer toute la portée de la position exprimée par François Hollande, de relever qu’il souligne s’exprimer « au nom du Parti socialiste français » qu’il engage de manière formelle, et tout semble indiquer que cette prise de position pourrait en appeler d’autres dès lors que le premier secrétaire du PS marque, visiblement autant à l’adresse des ses camarades que de l’opinion, que « nous sommes comptables du passé ».
Au-delà même du fait qu’il convient de replacer l’ouvrage de Hollande dans le contexte d’une précoce et dure campagne pré-présidentielle en France, il n’est pas sans signification que « les devoirs de vérité » auxquels s’astreint le premier secrétaire et peut-être candidat socialiste à l’élection de 2007 y incluent les enjeux de la mémoire de la guerre d'Algérie. Les polémiques sur les dispositions de la loi de février 2005 donneront une plus explicite traduction politique. Il n’est pas possible à l’observateur de ne pas rappeler, au sujet de cette loi, le lapsus forcément lourd de sens, du vote des sénateurs socialistes dûment rappelé par les élus de la majorité UMP à l’origine du texte qui signale, à tout le moins, que le refoulement d’une culpabilité algérienne est à ce point partagé au sein de la classe politique française.
Il ne pouvait échapper au premier responsable du Parti socialiste français que la loi de février 2005 avait provoqué, en Algérie, une sérieuse relance d’une demande de repentance française jusque-là exprimée en termes relativement diplomatiques par le chef de l’Etat algérien dans son discours devant les députés de l’Assemblée nationale française en juin 2000 et qui, aujourd’hui, confère pratiquement à la conditionnalité de toute relance ou refondation des relations entre les deux pays.
Cinquante après le vote des pouvoirs spéciaux de mars 1956 qui décide l’intensification de la guerre le Parti socialiste, par la voix de son secrétaire général, décide de rompre avec ce passé. |