Alger de mon adolescence

 

Sydney Boisis
 

Alger de mon adolescence (années 50)

Après une adolescence dorée à Alger, comme beaucoup d'autres Sydney Boisis est contraint de quitter cette belle terre car la guerre sévit et amène son flot de malheurs.
Il est sociétaire de la Société des Poètes Français et membre des Poètes Sans Frontières.
Récompensé par plusieurs prix de poésie, deux romans et trois recueils de poésie ont été écrits depuis 2003.

     

Alger la Blanche où la poésie se promène dans les ruelles aux mille senteurs. La Casbah mystérieuse, Padovani, Bâb el oued, la rampe Valée… que d'émotions à l'évocation de ces noms ! La vie simple et heureuse des communautés où le sentiment de fraternité se lit sur les visages. Francis le beau gosse de Bâb el oued, Hacène le fan d'Elvis, la belle Hélène du Champ de Manœuvre, Max le passionné de foot, Mouloud le serveur au Tandja…Tous bercés par les flots bleus sous le regard brulant du roi des cieux.

  • Editions : www.lulu.com
    Identifiant : 2277480
    Reliure       :  Broché
    Imprimé     : 214 pages
    Format        : 148,2 X 209,9
    Poids 
              : 100
     Prix            : 10.63 euros
 
     
 

Prologue


Avant que ne survienne l'hydre de la guerre, Alger était un paradis. Le cœur d'Alger battait d'une même pulsation, car malgré les différences de mœurs, de coutumes, de religion, les gens dans leur grande majorité affichaient la simplicité, le goût du travail, protégeaient la vie familiale dans ce qu'elle a de plus noble. J'ai vu le jour en Février 1940 dans un quartier modeste, au beau milieu de la rampe Valée. Nous partagions mes parents, mon frère et mes deux sœurs un minuscule deux pièces. Ma croissance fut fertile, j'ai eu comme tous mes copains d'alors, des épreuves et des peines qui m'ont endurci. Les lendemains qui chantent furent nombreux, et mon âme et mon corps furent désaltérés par un nectar qui n'en finit pas de couler dans mes veines de senior.

Dans la pleine jeunesse, fier de mes dix huit ans, j'ai un sentiment d'exaltation car à chaque fois  que mes jambes me portent du début de ma rampe jusqu'à son summum j'ai l'impression que la route du paradis doit lui ressembler. A l'inverse, lorsque j'aperçois de là-haut tous les lacets et ceux que j'imagine, il me vient une folle envie de retrouver le centre d'une activité bouillonnante où toutes les cultures se côtoient sous un même soleil dispensateur de vie. Alors, porté par des ailes invisibles, je dévale mes chers lacets un à un emplissant mes poumons de l'air marin iodé. C'est une féerie, un  kaléidoscope, je ne réponds à aucun appel, m'enivre des senteurs, des parfums de mes orangers, de mes eucalyptus, tout un peuple vivant. Je retrouve la vie quotidienne de mes concitoyens, je pressens leurs joies, leurs peines, ce sont mes frères et peu importe le nom de leur Dieu. J'ai trouvé le secret du bonheur, il est clair comme l'eau de source, ne me coûte rien, c'est le regard que je porte sur les autres qui est tout. Ici la nostalgie n'a pas place, et, en harmonie avec Jean Giono, ma joie demeure à jamais !

 
     

Je joins mon dernier poème qui figurera sur les sites pieds noirs.
e souviens-tu ?
Quand arrivait Noël et ses belles lumières,
sa magie, les enfants impatients, les sapins.
Te souviens-tu ? Cette nuit-là dans nos chaumières,
nous attendions nos cadeaux jusqu'au froid matin.

Les sabots en chocolat pour la gourmandise,
au pied de l'arbre embelli pour les chanceux,
nous avions hâte de goûter aux friandises,
près du père Noël imaginaire, nous étions heureux.

Fiers on montrait notre belle trottinette,
ou notre fusil pour jouer à Zorro et courir,
tout le quartier devenait bruyant, c'était la fête,
le pauvre et l'orphelin retrouvaient le sourire.

Te souviens-tu nous vivions un conte de fée ?
On était chic, belle chemise, beau pantalon,
le dimanche nous allions au cinéma ou au café,
reluquant les filles on se prenait pour des apollons.

Près de la belle bleue, nos rêves n'étaient pas vains,
envolées les erreurs de jeunesse qu'on pardonne,
très tôt nos mains offrirent un précieux gain
à nos mères, sous le regard de la madone.