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          Répression qui empêche l' évacuation des bléssés   | 
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        Une seul bouche d'eau un seul robinet pour 600 hommes  | 
         
      
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           Nous sommes restés jusqu'au 6  avril à Beaulieu. Douze jours pour un simple contrôle d'identité. Nous étions  partis sans rien. Certains étaient en pyjama, d'autres en survêtement, d'autres  encore avec une simple veste d'intérieur. Pas un seul nécessaire de toilette.  Une seul bouche d'eau, un seul robinet pour 600 hommes. Le ravitaillement  laissa longtemps à désirer, mais la Croix-Rouge put tout de même pénétrer à  l'intérieur du camp et nous faire parvenir des provisions. A Ben-Aknoun, au  Lido cela fut impossible. Aucun moyen d'information. Nous n'avons appris la  tuerie de la rue d'Isly que le 1er ou le 2 avril.  | 
         
      
      
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          Le colonel D..... qui commandait  l'ensemble du camp tenta cependant de nous traiter décemment.   Il se retrouva aux arrêts après notre  départ. Il nous avait accueilli par ces mots dont je me souviendrai longtemps :  « J'ai honte de faire aujourd'hui ce que j'ai à faire. J'ai honte d'être  Français ». Il le faisait cependant, et c'était là tout le drame. 
            Nous avons quitté Beaulieu le 6  avril à 22 heures. Notre départ de Bah-el-Oued avait été assuré avec un souci  de mise en scène. Notre retour, au contraire, s'effectua à la sauvette. On nous  déposa à la   Consolation. Bab-el-Oued était encore plongé dans une  obscurité totale. 
            Le lendemain matin, j'ai voulu  revoir toutes ces rues, toutes ces places qui m'étaient familières. Malgré les  magasins dévastés, les trous béants sur les façades des immeubles, les voitures  incendiées, Bab-el-Oued avait déjà recouvré tout son allant, tout son  dynamisme. Bab-el-Oued vivait, prêt, s'il le fallait, à refaire dans les  semaines à venir un autre 23 Mars. Les autorités avaient cru frapper un grand  coup et démontraient en fait, une fois de plus, qu'elles n'y comprendraient  jamais rien. Il eût fallu pour supprimer l'espoir à Bab-el-Oued, faire  disparaître cent mille âmes, raser tout ; et je ne suis pas sûr que même ainsi  chaque pierre n'eût pas exprimé encore la volonté de lutter et de vaincre,  n'eût pas constitué le dernier et le plus sûr refuge de la fidélité à une cause  sacrée. 
  Christian   CHILLET. | 
         
      
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