le 23 mars 1962, l'atmosphère
se tend et s'alourdit.
Bab-el-Oued présente son aspect
des dimanches

 

Il était normal, fatal que 1'O.A.S. trouvât à l'intérieur de ce vaste périmètre, un réservoir d'hommes entièrement acquis non seulement à ses principes mais aussi et surtout à ses méthodes. La lutte se poursuivait, acharnée et quotidienne, sournoise contre les «barbouzes», plus franche contre les gardes mobiles. Malgré les contrôles, les bouclages, les perquisitions, les arrestations,  Bab-el-Oued  restait  l'endroit  te  plus  animé   et  le plus dynamique d'Alger.
Au cours de la semaine qui précède le 23 Mars 1962, l'atmosphère se tend et s'alourdit. Par l'intermédiaire de sa radio-pirate, par voie de tracts et d'affichettes, l'O.A.S. a fait savoir que tous les éléments des forces de l'ordre, de quelque nature qu'ils fussent, devaient évacuer le secteur dans les 48 heures. Ce délai écoulé, les commandos de l'Armée Secrète passeraient à l'action. Cet avertissement, cet ultimatum plutôt s'adressait plus particulièrement aux troupes régulières et à la gendarmerie blanche qu'il fallait dissocier des gardes mobiles, alors qu'au contraire les autorités en place tentaient de les associer toujours plus étroitement.

 
Ainsi les patrouilles mixtes étaient-elles chaque jour plus nombreuses. La nouvelle fut abondamment commentée. Simple manœuvre psychologique, tentative de diversion, épreuve de force ? Chacun tient son explication, son information valeur A. De toutes manières les hommes sont pratiquement mobilisés sur place ; très peu se rendent à leur travail. Durant toute cette semaine Bab-el-Oued présente son aspect des dimanches ; beaucoup de monde au début de l'Avenue des Consulats, aux Trois-Horloges, Avenue de la Bouzaréa. Devant chaque immeuble, chaque bar, des groupes discutent. On attend ; mais sans nervosité, sans fébrilité. | Lire la suite |