"Chers Camarades, Monsieur le Premier Adjoint représentant
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Présidents d'Associations,
Messieurs les Porte-drapeaux, chers Ami(e)s,
C'est un grand honneur, et une grande joie, de nous compter
si nombreux pour honorer la mémoire de ceux qui nous réunissent
ici, aujourd'hui.
Et tout d'abord, je tiens à remercier du fond du coeur Jean-Pierre
Prévoteaux, Délégué de l'Adimad pour les Pyrénées
Orientales. Seul, durant des années, il a gardé l'espoir de
faire aboutir cette magnifique réalisation qui nous rassemble maintenant.
Jean-Pierre, ce pupille de la nation dont le père est tombé
pour la libération de la Métropole, Jean-Pierre qui a sacrifié
ses dix-huit ans pour la défense de l'intégrité de la
France, qui a connu durant de longues années les geôles gaullistes.
Sans toi, rien n'aurait été possible et je ne peux que très
simplement te dire combien est grande notre gratitude.
Je tiens ensuite à remercier très vivement Jean-Paul Alduy,
Maire de Perpignan ainsi que Jean-Marc Pujol, son Premier Adjoint. Ils ont
eu le courage, je dis bien le courage, d'accepter que ce monument soit érigé
sur leur commune. Ce geste d'humanité vis-à-vis d'une part importante
de leurs concitoyens restera dans les mémoires. Ils ont ainsi contribué
à apaiser un peu le feu des plaies toujours ouvertes après tant
d'années. Monsieur Alduy, Monsieur Pujol, nous n'oublierons pas ce
geste de réconciliation, Soyez-en bien certains. Comment ne pas féliciter
Gérard Vie, le sculpteur de cette oeuvre magnifique, qui a su restituer
de manière si poignante les derniers moments terrestres de nos camarades
abattus par la plus grande des injustices ? Il y a mis tout son coeur, toute
sa foi. Et sa récompense la plus grande est la vision de cette foule
qui se presse pour cette inauguration. Gérard Vie, vous pouvez être
fier, votre oeuvre si évocatrice vous survivra et vous survivrez grâce
a elle...
Encore quelques mots de remerciements pour les membres du Comité de
la Stèle, déjà cités par Jean-Pierre Prévoteaux.
Leur travail acharné a 'été couronné de la plus
grande des réussites et leur efficacité a été
exemplaire.
Et puis c'est à vous tous enfin que je m'adresse, vous tous qui avez
été des milliers à verser votre obole pour le succès
de notre projet. C'est votre succès. Et je pense à ceux qui
aujourd'hui sont avec nous par la pensée, éloignés par
l'âge, la maladie et je leur adresse notre salut le plus fraternel.
Comment ne pas être ému en vous voyant ici, vous tous qui êtes
parfois venus de si loin : de Corse, d'Espagne, de La Réunion même,
pour l'inauguration de ce Mémorial dédié à nos
morts. A vous, les parents et les amis de ceux qui ne sont plus là,
qui êtes-là pour les honorer, qui cachez vos larmes qui n'ont
pourtant cessé de couler depuis plus de quarante ans.
Et maintenant je veux vous dire combien, tous mes camarades et moi-même,
sommes émus d'être là aujourd'hui. Depuis plus de quarante
ans nous nous souvenons... Du fond de nos prisons où nous apprenions,
les larmes aux yeux, le supplice de nos amis, nous avons découvert
ce qu'était un vrai silence de mort : même les matons, même
les droits communs avaient respecté le sacrifice de nos camarades en
observant, à chaque fois, une journée complète de silence
dans ces grands vaisseaux si bruyants d'ordinaire...
Et durant toutes ces années qui ont suivi nos libérations, où
nous avons survécu la rage au coeur, nous nous disions : " nous
sommes là et eux où sont-ils ? Qui pense à eux encore
? qui peut les honorer ? et où ? "
Depuis ces temps si cruels des dernières années de notre Algérie
française, une terrible pensée revenait sans cesse en moi, lancinante
: qui pense encore à tous nos camarades tombés les armes à
la main ? Qui les honore ? Qui même les connaît tous, parmi nous
qui étions pourtant si près d'eux, et qui avons eu la chance
de survivre ?
Bien sûr, nous pensons tous à ceux-là qui furent les figures
emblématiques de notre combat et qui l'acquittèrent de leur
vie, dans des culs de basse-fosse, au terme de procès iniques délivrés
par des juges qui " sous leurs galons de militaires ou leur robe couleur
de sang " payaient " d'un peu de sang leur carrière et leur
nourriture ".
Mais aussi, dans notre combat, combien d'anonymes qui furent abattus par la
soldatesque gouvernementale, les polices parallèles, les terroristes
F.L.N. ? Oui combien ?
C'est en pensant à eux que nous avons décidé de retrouver
leurs noms à demi effacés dans nos mémoires, ravivant
peut-être des plaies mal cicatrisées ; mais comment ne pas leur
rendre hommage ? Un hommage solennel, face à cette mer qui fut le chemin
de notre exil, face à notre si chère Algérie dont la
lave bouillante brûle toujours en nous.
Cent de nos combattants sont morts libres, les armes à la main. Quatre
autres sont morts les pieds chargés de chaînes...
Aujourd'hui, ce sont leurs cent quatre noms qui sont gravés, publiquement,
pour la première fois en France, offerts à la mémoire
de notre peuple comme autant de remords, mais aussi comme autant d'espérance.
Demain, ce seront peut-être, hélas, d'autres noms qui viendront
s'ajouter à ceux-là. Leur sacrifice n'aura pas été
vain : nous sommes là. Nous n'avons rien oublié. Nous ne nous
tairons jamais.
"Seigneur voici couler le sang de nos garçons, Il a tout
recouvert la patrie déchirée. Quand verrons-nous jaillir, ô
tardive saison,
De tout ce sang versé la moisson désirée ?.
"et maintenant, nous allons appeler tous nos camarades assassinés,
un à un, et, après le dernier, nous dirons tous ensemble, débout,
une seule fois, mais pour chacun d'entre eux, de tout notre coeur : morts
pour l'Algérie Française, morts pour la France".
Joseph d'ABUNDO, Julien AGULLO, Francis ANDRÉ , Pierre
AOUSTIN , Cdt BAZIN, Guy BENDAOUD, Roger BENDAOUD, Vincent BERENGUEZ, Michel
BEVILACQUA, Jean-Luc BIBERSON, Ange BIONDI ,Pierre BOHN, Paul BOILET ,Robert
BOISSIÈRES ,Madame BOSC
Jean de BREM, André BURINI ,Robert CASATI, Jacques CHAMPION, Dominique
CORSO
Gilbert CORTÉS, Geoges COUMES , Charly DAUDET, Guy DERAUW, René
DESCAMPS
DI RAGO , Antoine DI ROZA ,Jean DI ROZA François DUBREUIL Jean-Pierre
EMOURGEON, Lucien ESCOLANO, Roland ESCRIVA ,Pierre ESPINOZA , ESPOSITO, Jean
FEIGNA Louis FERREIN, Pierre FORESTIER Jean FOURVEL Jacques FRIBURGER, Gilbert
GAMBA, Georges GARCIA , Roland GARCIA, Paul GATT , Lt GAVALDA , Axel GAVALDON
, Jean-Pierre GERMAIN , Georges GODARD, Antoine GUGLIELMI , Pierre GIUDICELLI
, Roger HAAS , Robert HARO , Fritz-Karl HEISE , Michel HENDERICKSEN
Jean-Louis HOLSTEIN , Lt JACQUOT , André KANDEL , Roger LA BERENNE
, Henri LAPISSARDI , Marcel LEBATUT , LEBEGUE , Philippe LE PIVAIN , Michel
LEROY , Brigadier LICHTLET , Mal logis chef LIEGEOIS , Jean-Marie LLOBET ,
Lucien LOPEZ , LORET , Jean-Claude MARQUÉS , Michel MASSENET , Noël
MEÏ , Jean-Georges , MENTHER , MESLOT , Jean MIRA , MORÉRE , Alain
MOUZON , Christian MUNOZ , Henri NIAUX , Vincent ORIA , Lucien PALANGIAN ,
Adrien PASTOR , Henri PENY , EROPADRE
, Camille PETITJEAN , Sgt PETROZ , Sauveur PORTELLI , Joseph PROUX , Claude
PULCINA , Jacques du ROUCHET , Aimé SAGE , Sgt SANDOR , Jean-Yves SANTAMARIA
, Jacques SCHERER , André SERALTA , Marcel SERRE , Armand SORIA , Ernest
SORIANO , André TURIELA, Marc VALLIER , Marius VIALLA , René
VILLARD.
ET, Roger DEGUELDRE
ET, Jean BASTIEN-THIRY
ET, Claude PIEGTS
ET, Albert DOVECAR
Avec moi tous ensemble : " Morts pour l'Algérie Française
, morts pour la France" .JF. Collin -- Président Adimad sud
Voir aussi le compte
rendu de la cérémonie par Robert Saucourt l'AMEF
Photos courtoisie R. Saucourt AMEF