Jean-François Collin a été décoré de la légion d'honneur, par décret du Président de la République en date du 5 mai 2011, pris sur le rapport du Premier ministre et du ministre de la défense et des anciens combattants.
"J'ai cru qu'on se fichait de moi"
Déjà détenteur de la croix de la valeur militaire avec palme, il a obtenu le grade de chevalier de la légion d'honneur, avec traitement, à titre militaire, en tant que mutilé de guerre en Algérie. "Au début, j'ai cru qu'on se fichait de moi. On la donne à des artistes, mais là c'est à titre militaire. C'est un ami, le président de l'union des parachutistes de Hyères, Jean-Pierre Carrio qui l'a demandée pour moi. Je ne pensais pas que je l'obtiendrais. Et pour tout vous dire, j'ai pensé à la refuser, mais il m'a dit que ça embêterait plein de monde, de la Licra, ou Gavoury (le fils du commissaire central d'Alger, assassiné par l'OAS, l'un des principaux opposants à la stèle, NDLR), alors j'ai accepté", s'amuse-t-il.
Si cet ancien conseiller municipal FN de la ville de Hyères, dans le Var, a été décoré, c'est donc pour son engagement militaire: "Je remplissais les conditions. J'ai été appelé à l'armée le 1ernovembre 1959. Et j'ai été blessé au combat en Algérie, dans l'Ouarsenis, en 1960, contre les fellagas, par un élément rebelle du Front de libération nationale, j'ai tué mon ennemi qui m'a grièvement blessé, mon biceps droit a été arraché et je suis devenu invalide de guerre . Puis il y a eu le putsch des généraux, j'étais content. Et après avoir été soigné, je suis parti à Paris. J'ai alors pris contact avec l'Organisation de l'armée secrète et j'ai intégré l'OAS métropolitainavec le lieutenantGodot. J'ai été arrêté le 5 février 1962 puis condamné à cinq années de prison que j'ai effectuées à la Santé, à Fresnes, et à l'île de Ré. Puis, le 14juillet 1968, De Gaulle a amnistié l'ensemble de l'OAS, mais la véritable amnistie avec réintégration des grades et des retraites, a eu lieu sous Mitterrand".
"Sarkozy, c'est un Gaulliste"
Cette légion d'honneur, il la recevra dans quelques mois, "dans le département des Bouches-du-Rhône", annonce-t-il. Mais il refuse catégoriquement de dire des mains de qui: "La chancellerie m'a demandé qui je voulais. J'ai choisi et c'était important que ce soit lui, mais je le dirai le jour où on me la remettra. Ce n'est pas quelqu'un de connu du grand public", lâche-t-il, avec un air mystérieux, qui semble bien lui plaire. Cette distinction est tout de même un peu paradoxale, dans la mesure où Jean-François Collin n'est parfois pas tendre, dans ses discours, avec l'État ou ses représentants. Il en convient d'ailleurs et l'affirme: "Je continuerai, on ne m'achète pas. Sarkozy, je ne l'aime pas, c'est un Gaulliste. Il est allé se recueillir sur sa tombe. J'avais jeté mes décorations à mes juges et la légion d'honneur, je ne la porterai jamais, tant qu'il y aura des Gaullistes au pouvoir".
Source : Emmanuelle ELBAZ (eelbaz@laprovence-presse.fr ) |